Nos chers titulaires …

Coucou tout le monde, je reviens après une longue, voire très longue, absence pour de multiples raisons. Entre temps… j’ai travaillé, beaucoup travaillé, toujours dans ma petite officine de quartier. Et je me suis interrogée sur le statut et le métier de titulaire d’officine car comme le savez je ne suis que salariée. Nous avons le même diplôme et effectué les mêmes études,nous travaillons au sein de la même structure et pourtant la nature de nos tâches, notre quotidien et nos revenus sont si différents. Dans quel autre métier ou corps de métier une telle différence s’observe-t-elle ? Quand ce système sera-t-il réformé efficacement par nos politiques pour s’aligner sur le modèle d’association des autres professionnels de santé ? Je m’explique, pour moi le quotidien d’un assistant c’est le comptoir, debout la journée entière, avec entre deux conseils et lorsqu’on arrive à trouver deux minutes la paperasse (rejets, facturations locations,…) et toute la logistique liée aux commandes qui arrivent (déballage, mise à jour du stock, mise en rayon,…). Avec une phrase, répétée comme un mantra dès le premier stage en officine : LA PRIORITE C’EST LE COMPTOIR !

Je ne connais évidemment pas tous les titulaires et leurs façons de travailler donc je ne peux pas généraliser et je parle donc uniquement de ce que j’ai pu observer le plus fréquemment. Le titulaire donc passe le plus clair de son temps assis très confortablement dans son bureau ( parce que oui lui il a un bureau et la possibilité de s’asseoir ) à réaliser très certainement des tâches administratives de la plus haute importance du matin 8h00 au soir 20h00 sur son ordinateur quand ce n’est pas sur sa tablette. Lorsque bien sûr on n’aperçoit pas en fond Venteprivée.com ou Candy Crush Saga. Ce n’est pas l’essentiel de son travail : il reçoit également les délégués pharmaceutiques pour passer les commandes, ou plutôt pour discuter de tout et de rien, parler mutuellement de leurs vies personnelles, blaguer, boire des cafés et entre deux passer une commande. Il y a aussi les conversations téléphoniques personnelles interminables, bureau fermé, pour plus de confidentialité. Le comptoir, c’est à dose homéopathique, quand il y a une surcharge et qu’il ne faut pas trop faire attendre les patients ou quand le patient lui-même réclame le titulaire. Ah j’allais oublier il y a aussi les visites personnelles : amis, famille, etc… Un autre profil de titulaire est le titulaire fantôme qui part en week-end le jeudi et en revient le mardi.

J’ai aussi connu un titulaire qui travaillait comme un damné, faisait plus d’heures que n’importe qui dans l’équipe. Il faisait toutes les fermetures et ne s’octroyait qu’un samedi sur deux. Evidemment, il avait aussi du travail dans son bureau mais il était aussi beaucoup présent à nos côtés au comptoir ou au préparatoire. Les rendez-vous avec les commerciaux il les avait délégué à un préparateur en pharmacie expérimenté qui était alors désigné « responsable des achats ». Une belle preuve de confiance, de reconnaissance et de valorisation des compétences et de l’expérience. Tout ceci fonctionnait à merveille et il n’y avait pas de sentiment de frustration dans l’équipe, l’ambiance de travail s’en ressentait. Malheureusement je n’en ai connu qu’un seul.

Je regrette que les titulaires ne fassent pas plus confiance à leur équipe pour déléguer certaines tâches, les impliquer davantage dans la direction générale qu’ils veulent faire prendre à leur officine (pour ou contre les entretiens pharmaceutiques par exemple, comment on les met en place ?…), dans le processus de qualité à l’officine,etc…Cela aiderait à DIVERSIFIER et à VALORISER le métier de chacun. Etre titulaire comme n’importe quel chef d’entreprise demande du travail, beaucoup de travail et d’investissement mais aussi de la réflexion sur le management de l’équipe officinale. En effet, afficher ostensiblement qu’on ne fait rien devant une équipe qui sue et croule sous le poids du travail n’est peut-être pas la meilleure technique managériale qu’il soit.

Ce que je souhaiterais aussi c’est un peu plus de respect pour notre travail et surtout notre LIEU de travail qu’est l’officine. Ce n’est pas vraiment l’endroit pour recevoir ses copains/copines, rire à gorge déployée avec les représentants pendant des heures, avoir des conversations intimes et jouer à l’Ipad. Pourquoi même y venir pour ces activités ?

Donc voilà c’était une sorte de coup de gueule du moment, ça fait du bien de le dire, de l’écrire, d’accoucher de ses propres pensées frustrantes au quotidien. Ce ras-le bol de ce type fonctionnement, le manque de marge de manoeuvre par rapport  à la politique même de soins (en fait on a pas du tout notre mot à dire) sont une des raisons pour lesquelles la question de la reconversion professionnelle se pose…

A mes collègues assistants et préparateurs, vous en pensez quoi ? Vous avez déjà eu des moments où ce ras-le-bol s’est fait ressentir ? Aux autres professionnels, que vous inspire le schéma de fonctionnement de la pharmacie d’officine en France ?

Avant de vous quitter et de vous souhaiter une bonne semaine, je rappelle que je ne veux pas généraliser et que bien sûr certains titulaires sont des perles ! A très bientôt pour un nouvel article !